Trip surf à Chypre: l'île d'Aphrodite |
26 Août - 7 Septembre 2006 |
Texte et photos: Willi Lliboutry |
I] L'idée:
Lorsqu'on a des congés à prendre, un peu d'argent de côté et que l'on est un amoureux des spots méditerranéens, on éprouve l'envie de découvrir des spots originaux. De se rendre quelque part où peut-être personne n'a jamais encore surfé. Depuis quelques temps, un gros rocher situé du côté du Moyen Orient attire mon attention. Une île dotée de 648km de côtes sablonneuses et rocheuses, qui fait d'elle la troisième île de Méditerranée après la Sardaigne et la Sicile: Chypre.
II] La destination en bref:
Dans l’Antiquité, elle appartenait à un large monde hellénistique. Vers 1450 av. J.-C., les Mycéniens y fondèrent un colonie. Puis ce fut en 1000 av. J.-C., au tour des Phéniciens. Elle fut ensuite incluse dans l’Empire romain, puis dans l’Empire byzantin. En 1191; Richard Cœur de Lion s'empara de l’île et en fit don à Guy de Lusignan, qui fonda le royaume latin de Chypre (1192 - 1489). Elle passa ensuite sous le contrôle de Venise (1489-1573), avant d’être conquise par les Turcs. En 1878, le sultan céda Chypre en bail au Royaume-Uni. En 1914, à l’issue de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni fit de Chypre une colonie de la couronne en représailles au soutien de l’Empire ottoman à l’Allemagne. L'île vit ses aspirations à l’indépendance et au rattachement à la Grèce durement réprimées par l’instauration d’un régime militaire.
Les Britanniques imposèrent leurs lois, leur système judiciaire, leur administration publique, leur culture, leur langue et leur mode de vie. En 1931, les Chypriotes grecs se soulèvent contre les Britanniques, la maison du gouverneur fut incendiée et la Constitution suspendue. Le mouvement en faveur de l'Enosis (enosis: «union» en grec) reprit de l'ampleur dans les années 1950. Sous l'égide de l'évêque de Chypre, Mgr Makarios III, les Chypriotes de langue grecque réclamèrent le départ des Britanniques et, consultés par la hiérarchie ecclésiastique (en janvier 1950), se prononcèrent à près de 96 % en faveur de l'union avec la Grèce. Les négociations sur la question chypriote marquées par les intérêts rivaux de la Grande-Bretagne, de la Grèce et de la Turquie aboutirent aux accords de Zurich (1959) qui prévoyaient l’indépendance de l’île (1960) sous la forme d’une république présidentielle gréco-turque.
L'indépendance fut proclamée le 16 août 1960, et Chypre fut admise aux Nations unies et devint membre du Commonwealth. Cependant, en 1974, le tiers nord de l’île a été occupé par les forces armées turques et forme, de facto, un État séparé (par la «Ligne verte» (nom donné par l’ONU) appelé depuis 1983 République turque de Chypre du Nord, et reconnu seulement par la Turquie. Le 1er mai 2004, la République de Chypre (la partie grecque) entre dans l’Union européenne. La reprise des négociations entre les deux communautés, et tout progrès vers une solution à ce conflit qui sépare de fait les deux communautés depuis plus de quarante ans, semble désormais largement conditionnée par l’avancée des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Europe...
- Capitale:
Nicosie
- Population: 835 000 (en 2005)
- Langues officielles: grec, turc
ainsi que l'anglais très répandu
III] La préparation du voyage:
Des recherches plus approfondies sur Internet me permettent de dégoter un billet d'avion à un prix intéressant via Londres, une voiture de location et un camping vraiment pas cher pour passer 13 jours sur l'île. Bien que tout le monde semble une fois de plus me prendre pour un fou de partir fin Août (en plein Été) sur cette destination hasardeuse de Méditerranée, il me faut prendre au moins une planche. Oui mais laquelle? Le longboard? Le shortboard ou le fish? Quelles conditions, vais-je avoir, si j'en ai...? Pour jouer la sécurité, je décide de prendre le fish qui est le plus polyvalent et le moins encombrant, mais malheureusement pour moi les frais de transports ajoutés se révèlent plus cher que la planche elle même. Avec mon budget serré (Et oui! Entre la richesse et le surf, j'ai choisi...), une seule solution s'offre à moi, il faut que j'en loue une sur place. Oui, mais à qui?
En cherchant un peu, je finis par trouver les sites de plusieurs surfshops. Je m'empresse de les contacter, mais malheureusement, on me répond qu'il n'y a que du matériel de kitesurf et windsurf disponible. Je finis par trouver le site (ci-contre) d'une école de kitesurf qui propose des stages et présente d'autres activités dont le surf. Je croise les doigts pour cet e-mail de la dernière chance que je rédige dans mon meilleur anglais (de loin le meilleur). Deux jours plus tard, je reçois à ma grande surprise une réponse en français?!!! Mon contact (Christophe) m'explique qu'il est français d'origine chypriote. Exilé depuis 15 ans sur ce petit paradis, il navigue en Kite presque tous les jours entre deux leçons ou balade en VTT. Une très bonne nouvelle, il m'affirme qu'il surfe aussi!!! Bien que les vagues soient plus grosses en Automne et en Hiver, il y a de quoi faire l'Été avec des conditions souvent très propres le matin. Il me propose de me louer une évolutive 6'7 pour la durée de mon séjour (un très bon compromis et un excellent rapport qualité / prix) et me laisse son numéro pour que je le contacte une fois sur place... |
IV] Le départ:
Après trois longs mois d'attente, une période d'incertitude lié au terrible conflit libano israélien, à l'abominable marée noire qui en a découlée, aux diverses menaces terroristes sur la Grande Bretagne et un préavis de grève de Cyprus Airways (finalement levé la veille de mon départ), je me suis envolé de Londres pour atterrir à Larnaka (situé au SE de l'île) 4h plus tard. Rejoint par deux très bons amis (Fabienne et Julien qui malheureusement pour moi, ne s'intéressent pas plus au surf qu'à la reproduction des iguanes d'Amérique du Sud), l'espace d'une semaine, j'ai décidé de scinder mon séjour en deux. Tout d'abord la visite de l'île en leur charmante compagnie, ensuite (seul) la découverte des spots et du surf, tout en gardant l'espoir d'une météo favorable.
V] I° Semaine: La visite de l'île
Bien que la conduite à gauche ne soit pas un luxe au début, elle permet de découvrir l'héritage de plusieurs civilisations. Au carrefour de l'Orient et de l'Occident, Chypre comme vous avez pu le lire précédemment (voir partie II ndlr), possède un passé très complexe et mouvementé. Ainsi, il est possible d'admirer d'innombrables sites archéologiques, mosquées, églises, monastères mais aussi jardins, parcs et paysages... Étant donné que nous sommes sur un site de surf, cette partie ne va pas figurer dans l'article. Cependant les plus intéressés trouveront leur bonheur en cliquant ici: La visite de l'île.
VI] II° Semaine: La découverte des spots et le surf:
- Jeudi 31 Août: Il est 16h, je viens de déposer mes amis à l'aéroport. Bien que le soleil se couche plus tôt qu'en France (19h30), il me reste suffisamment de temps pour aller voir un des innombrables spots aperçus ou bodysurfés dans la semaine.
Encaissé dans une charmante et tranquille petite crique, je trouve un spot qui offre des vagues de 50 à 80cm dans lesquelles les touristes s'amusent. N'ayant pas eu le temps de récupérer la planche (de l'autre côté de l'ïle), il ne me reste plus qu'à les rejoindre en bodysurf. Ce n'est pas de la super qualité (on-shore et un peu mou) mais ça reste très amusant et largement surfable.
A part le paysage, on se croirait à la maison quelques semaines plus tôt avec les coups de SE. A ma sortie de l'eau, je rencontre un des responsables du club de plage qui fait souvent du windsurf ou de l'optimiste dans le coin. Apparemment, sur cette partie de l'île, il y a des vagues tous les après-midi en Été grâce au fort vent thermique qui se lève le matin vers 9h lié à la différence de température entre l'air (38°c à 9h du matin) et l'eau (26°c).
Plus à l'abri que ses voisines, cette petite crique semble être un bon compromis dans le coin, cependant pour pouvoir surfer, il me faut récupérer une planche... De retour au camping, je fonce sur la première cabine téléphonique et appelle Christophe. Après quelques indications, on se donne rendez-vous le lendemain matin.
- Vendredi 1° Septembre: 8h. Je rencontre mon contact chypriote. Entre son école et son Surf shop, il conserve dans son garage du matos pour la location. Des ailes de kite, des windsurfs et trois shortboards dont deux ont déjà été louées?!!! Apparemment des anglais auraient eu la même idée que moi cette semaine. D'un certain côté ça tombe plutôt bien je ne serais pas tout seul à l'eau... Il me présente ainsi ma nouvelle compagne de voyage pour la semaine: une Bic 6'7 évolutive.
On dit souvent que le monde est petit, ou que le hasard fait bien les choses. Ça semble être une fois de plus le cas, ses parents habitent dans l'Aude, à une vingtaine de kilomètres de chez moi. Christophe était d'ailleurs chez eux, il y a quelques temps.
Malheureusement, il est tombé sur deux semaines de forte tramontane glaciale, et n'a pas pu trop naviguer. Parce qu'accrochez-vous; ici la température de l'eau ne descend qu'à 18°c et celle de l'air qu'à 12°c en plein mois de Février!!! De Décembre à Mars, sur le Mont Olympe (1955m d'altitude dans le massif du Troodos) à une heure de route de la côte, l'air est voisin de 0°c, la neige tient et les pistes ouvrent!
Il est possible de faire du snow le matin, de redescendre et de se mettre à l'eau en kite ou surf l'après-midi. L'hiver, l'île se transforme en "Chyprefornia".
Selon lui pour les jours à venir, le vent reste très favorable pour le Kite. Côté surf, ça semble moyen, mais comme il dit " Tout dépend, du temps en Grèce. Il est possible que ça rentre bien dans la semaine..." Pour être sûr que je trouve des conditions; il m'indique sur une carte plusieurs endroits susceptibles d'accueillir de façon optimales les moindres petites houles.
Après l'avoir laissé et gentiment remercié, je me rend en bord de mer pour constater avec plaisir qu'il y a de la houle avec des vagues de 50 à 80 cm qui déroulent dans différentes criques, plages ou dalles, malheureusement le vent thermique (on-shore) est en train de se lever...
Plutôt que de me mettre à l'eau, je décide de suivre les conseils de Christophe et de me rendre sur les endroits indiqués. Une demi-heure plus tard, je finis par découvrir le long de la route, une multitude de pics sur fond de sable et galets, où le vent par endroit s'avère off-shore.
Avec une houle plus formée, des vagues de 1m déroulent dans une eau bleu verte transparente aux reflets exotiques.
Il fait plus de 35°c et comme je ne suis pas là pour faire de la voiture ou de la figuration, il faut que je me décide à choisir un pic. Il n'y a pas un chat et c'est parfait. Je me mets où? Sur ce pic? Celui-ci? Celui-là?...
Je trouve finalement mon bonheur. Je m'arrête le long de la route sur un chemin de terre battue et surfe plus de deux heures, sur ce pic droite gauche d'excellente qualité.
Personne à l'horizon, à part la route l'endroit reste beau et sauvage sur cette partie de l'île où les constructions anarchiques restent interdites. Soif de découverte, encore loin de la "ligne verte", je reprends le volant...
Nota bene: Traverser la "ligne verte" pour se rendre côté Turc, avec un véhicule de location grec n'est pas évident. De plus, il faut revenir avant 18h pour ne pas rester coincé sous prétexte d'immigration clandestine...
En ce début d'après-midi, je continue donc la route, trouve plusieurs autres spots, mais malheureusement le vent on-shore thermique devenu trop fort, les rend impraticables. Dommage, car la configuration des dalles rocheuses promettait une très bonne session si le vent avait été plus clément. Une dizaine de kilomètres plus loin, j'aperçois de jolies vagues sur une plage abritée par les digues d'un petit port.
C'est l'occasion rêvée de retrouver des conditions propres comme ce matin. L'asphalte ne descend pas jusqu'en bas, il faut prendre un chemin de terre, se garer puis marcher. J'essaie de me rapprocher, mon appareil photo à la main. Malheureusement je ne pourrais pas aller plus loin. Un militaire m'interpelle et m'explique que je me trouve sur le territoire d'une base de l'O.N.U. Les photos sont de plus strictement interdites!
Tant pis pour les photos et les vagues. Je fais demi-tour et reprends la route, qui longe toujours le littoral. Les plages sauvages et criques sont d'une beauté incroyable, le vent y est side-shore par contre la houle y est mal orientée.
Un quart d'heure plus tard, atteignant la ligne verte gardée par deux militaires chypriotes grecs, je me résigne à rebrousser chemin. Entre les bases militaires et la ligne verte, conduire devient fastidieux sur cette partie de l'île. Pourquoi n'irais-je pas voir, si sur l'autre côte les vagues de ce matin n'ont pas augmentées?
Une heure de route plus tard, arrivé près de mon point de départ, je constate que le vent atteint force 4 en rafales et que la houle fait plus d'un mètre en série. Après avoir suivi un chemin de terre hasardeux, je tombe sur une magnifique baie. Bien que les conditions soient on-shore, le spot dévoile plusieurs vagues sympas.
Et apparemment y a un mec qui surfe?!!! C'est un anglais de l' île de Jersey qui est en vacances. Depuis qu'il a vu des vagues (3 ans auparavant), il a décidé de laisser une planche à l'année dans sa résidence secondaire.
Manque de pot, je devrais une fois de plus surfer seul. Crevé après ses deux sessions, il décide de partir. Il me conseille toutefois de me caler au shorebreak: "C'est rapide et plus puissant qu'au large, bien que ça ferme par moment il y a de quoi faire".
Tu m'étonnes!! En effet, c'est même un excellent spot à Bodyboard. En surf, il ne faut pas manquer la marche du bottom, pour se caler quelques casquettes ou petits tubes avant de profiter de la deuxième section moins rapide.
Après une heure, remplie de jolies vagues et de gamelles exemplaires la tête plantée dans le sable, je me décide à chercher d'autres spots dans le coin. Je découvre non loin de là, un gros shorebreak (exclusivement réservé au Bodyboard, sur fond de sable et de galets), ainsi que plusieurs autres pointbreaks qui semblent nécessiter un peu plus de taille pour fonctionner correctement.
Le vent faiblissant de cette fin d'après-midi, me décide à retourner sur mes pas, l'histoire de surfer des vagues un peu plus propres sur le spot de tout à l'heure. A ma grande surprise, deux surfeurs sont à l'eau. Ils se sont calés sur un pic droite-gauche outside dans un joli mètre vingt assez propre. Enfin quelqu'un avec qui je vais pouvoir surfer ! Sûrement des locaux.
Je les rejoins et tente de sortir mon meilleur grec (limité) appris sur internet.!
- "Yia sou !" (Salut). Tous les deux me répondent très amicalement, surpris mais très content de voir un autre type à l'eau. Je tente de poursuivre avec mon interlocuteur le plus proche:
-" Imé galhos. Mé léné Willi. Ke ti? (Je suis français. Je m'appelle Willi. Et toi?). "Mé léné Nick. Galhos? Apo isé? (Je m'appelle Nick. Français? D'où es-tu?).
Devenant compliqué de tout expliquer en grec, je me mets à parler en anglais lui expliquant que je suis du Sud de la France, que je surfe en Méditerranée depuis quelques années, que j'ai créé un site internet (qu'il semble connaître par l'intermédiaire de Christophe), que je suis ici pour visiter et surfer les spots de l'île.
Il me répond qu'il est australien d'origine grecque et qu'il habite sur Chypre depuis quelques mois avec sa femme. Il a trouvé du boulot en tant qu'ingénieur dans le bâtiment.
Le longboardeur lui aussi est australien, il habite ici depuis 2 ans et surfe ce spot très souvent.
Apparemment, demain matin ça doit être très bon. Ce soir c'est déjà vraiment pas mal. L'occasion d'être rejoint par un bodyboardeur suédois ici pour la saison!!!
Chypre est tellement cosmopolite, qu'on croise de toutes les nationalités. L'anglais étant parlé partout, on peu habiter l'île et tout comprendre sans parler un mot de grec ou de Turc.
En cette fin de journée, l' ambiance à l'eau est des plus conviviale, le cadre magnifique et le coucher de soleil exceptionnel.
Tout en ayant profité d'un surf de très bonne qualité, j'ai fait de sympathiques rencontres. Nick me donne d'ailleurs rendez-vous le lendemain matin...
Une salade grecque superbement préparée par la propriétaire du camping suivi d'un petit tour au cyber café local (pour confirmer les conditions météorologiques), me décident à me coucher tôt pour être en forme au lever du jour...
- Samedi 2 Septembre: 6h. Réveillé par le bruit des vagues sur les rochers, je me dépêche de déjeuner. Le vent est off-shore. J'ai rendez-vous à 7h30 avec Nick. J'ai donc largement le temps de "checker" les spots de la veille qui nécessitaient plus de "taille".
Côté houle: il y a 1m à 1m50, propre, long et rangé. Au détour d'un chemin de terre et d'une bananeraie, je découvre une perle chypriote. Une droite de 300m qui déroule sur plusieurs pics !!!
La même ondulation, mais plusieurs vagues aux mêmes caractéristiques. A savoir: un fond constitué de gros cailloux ou rochers (l'entrée et la sortie de l'eau sont d'ailleurs assez tendues), un take-off tranquille suivi d'une large section sur laquelle on peut accélérer taper deux ou trois rollers puis se coller à la mousse pour voir la vague s'enrouler toute seule autour de soi et faire un joli tube ou un wipe out copieux.
En prenant un peu de vitesse et si ça connecte correctement, la vague n'en finit plus...
C'est un spot de "semi repli". Plus on se décale vers la droite, plus les vagues sont petites (du fait de l'orientation de la baie).
Ainsi, le spot (plus abrité) accueille moins de houle, mais permet aussi de bénéficier d'un vent latéral lorsque l' on-shore sévit partout ailleurs.
Un élément important à prendre en considération pour ces après-midi de thermique calamiteux.
Quelques très bonnes vagues suivies d' une sortie Rock n' Roll dans les cailloux et il est déjà l'heure de rejoindre l'australien, qui vient d'arriver sur le spot de la veille...
Les conditions sont bonnes. Le pic offre autant de gauches que de droites. Nick qui voyage beaucoup, (entre les îles grecques, la Grèce, Chypre, le Portugal, la France, l'Espagne, l'Australie ou encore Hawaii (se jetant aussi bien sur le Pipe qu'à Sunset)), profite des conditions à coeur joie. Je le rejoins. Son fish ou mon évolutive semblent même être un peu juste pour aujourd'hui...
Vers 9h, on aperçoit deux autres surfeurs. Harry, un New Yorkais d'origine sud africaine ( en vacances avec sa femme et ses deux enfants (venu il y a des années, il a pensé à prendre sa planche)) et l'anglais de la veille. Moi qui pensais être le seul touriste surfeur de l'île!! Je suis des plus surpris!
Sur Chypre; en tout et pour tout, il n'y a qu'une dizaine de surfeurs locaux. Les autres (souvent des anglo-saxons) sont de passage... Une heure plus tard, la houle commence à devenir clapoteuse. Le vent est en train de tourner à l'on-shore. Nick décide de mettre les voiles.
- "C'est le week-end, faut que je rentre sinon ma femme va encore m'assassiner !! Je te laisse mon numéro sur ta voiture. Appelle moi ce soir, tu me diras comment ça a évolué. On se voit demain matin, je t'amènerais une autre de mes planches".
Je le remercie et, continue à surfer dans des conditions en vrac mais tout aussi consistantes. Vers 12h, Harry décide de partir à son tour, je le suis, lui donnant rendez-vous au lendemain matin. Après un bref repas, et une bonne sieste à l'ombre, je me décide à partir à l'aventure sur les chemins de terre réservés aux 4X4.
La voiture de location semble passer dans la plupart des endroits, même si j'entends des bruits bizarres de cailloux frappant le bas moteur. Après une dizaines de kilomètres, j'arrive dans la réserve naturelle de l'île, où plusieurs espèces de tortues de mer sont élevées et réintroduites sur une plage: Article"Les tortues chypriotes".
C'est le coin le plus sauvage de l'île: personne, pas de route, pas de maison, juste vous, la nature et dans quelques criques: des vagues comme celle-là...
Avec un vent side-shore, ce "point break, idéal pour le longboard, déroule de manière régulière (ni trop mou, ni trop rapide), avec une assez longue épaule (permettant de longs cutbacks) qui vous font regretter d'être seul à surfer et de ne pas oser rester plus longtemps !
La route est longue. Les pics sur fond rocheux sont quant à eux si nombreux, qu'il n'est pas possible de tous les tester. D'ailleurs il est même dangereux de se mettre à l'eau seul dans ces coins isolés.
Après 30km de chemins de terre, couplé de frayeurs le long des falaises et de montées de côtes à fond en première, penché en avant de peur que la voiture ne se mette sur le toit, je décide exténué de rentrer au camping.
Il est 19h. J'ai encore bien surfé aujourd'hui. Une bonne douche et un bon repas seront les bienvenus...
- Dimanche 3 Septembre:7h. Je me lève courbaturé de partout. Bien que je n'entende pas les vagues, il y a forcément de bons restes. Je passe par la plage, et m'aperçois très vite qu'il y a tout juste plus de 50cm. L'australien arrive à son tour...
C'est petit, mais c'est surfable et glassy, alors maintenant qu'on est là, on se met quand même à l'eau. Sur ce banc de sable, encerclé par des dalles de calcaires roux, le shorebreak marche avec la moindre petite houle. Ça ne vaut pas le surf de la veille mais ça reste amusant .
Après 1h30 de surf, couplé d'histoires de trip surf dans les îles grecques, en Espagne ou au Portugal, le vent on-shore se renforçant , nous convainc à prendre notre dernière vague. Sur la plage, on retrouve un vieux plagiste, que Nick connaît bien.Il est là tous les jours depuis des années: " Il est plus fiable que n'importe quel modèle météo". Pour lui la houle va remonter dans l'après-midi, demain matin sera bien aussi. Mardi idem. Par contre pour Mercredi et Jeudi ce sera flat.
Une météo pour les trois prochains jours que je m'empresserai de vérifier sur internet dés que possible. Pour l'heure, je salue Nick que je n'aurais pas l'occasion de revoir avant mon départ.
On en profite pour s'échanger nos e-mails, se donnant sûrement rendez-vous pour un futur " trip surf méditerranéen".
Je profite de la chaleur infernale du début d'après-midi, pour me rendre au cyber café climatisé et constater avec joie que "Mister Cyprus météo" avait raison. Un autre train de houle est prévu cet après-midi et un autre demain dans la journée.
En fin d'après-midi je quitte le camping et découvre non loin du port, une gauche sur fond de rocher. Le vent a pas mal faiblit par rapport à tout à l'heure et la houle semble avoir doublé depuis ce matin.
Il y a 80cm qui déroule le long des rochers, la mise à l'eau est une fois de plus compliquée mais la vague reste très correcte malgré le clapot.
En rentrant, j'aperçois depuis la route; de longues lignes, lissées par le vent off-shore caractéristique du début de soirée. Demain matin s'annonce prometteur...
- Lundi 4 Septembre: 7h00. Le vieux plagiste avait bel et bien raison (les modèles aussi d'ailleurs). Sur quelques kilomètres, je découvre une multitude d'autres spots. Des droites, des gauches sur fond de sable ou rochers. Il suffit de choisir...
Cependant le souvenir des vagues de Samedi matin, me pousse à aller y jeter un coup d'oeil. Ça risque d'être plus petit qu'ailleurs mais de meilleure qualité.
Sur les autres pics, le temps m'est compté. Sachant que le vent on-shore, se lève vers 9h30-10h, il me reste moins de deux heures pour profiter du vent off.
Là-bas, même si ça tourne aux brises marines, je profiterai du fait de l'exposition du spot, d'un vent latéral.
Une fois sur place, je constate que ce n'est pas du gros surf, mais il y a un parfait 50 à 80cm qui déroule, face à la bananeraie. L'occasion d'en profiter un maximum...
Dans l'après-midi, je prends la route en direction du sud. 1m en série, sévit le long du littoral. Ainsi je retourne sur un site archéologique depuis lequel on domine la mer. Là, le long des falaises, les vagues sont propres et régulières.
Les anciens n'ont s'en doute pas érigé, leur temple ici par hasard. Peut-être se mesuraient-ils déjà aux vagues entre deux entraînements dans la maison des gladiateurs? Chypre est l'île d'Aphrodite (déesse de la beauté). Poséidon (Dieu de la mer) ne tenterait-il pas de la séduire en lui envoyant de si belles vagues?
Cette session supplémentaire achevée, profitant d'un coucher de soleil hors norme, aux tons orangés, je ne peux m'empêcher d'avoir le sourire aux lèvres. Je suis à plus de 3000km de la maison, c'est l'Été , je suis toujours en Méditerranée, et je surfe tous les jours des spots plus incroyables et différents les uns que les autres. Le soir venu, je fonce sur internet, espérant que les prévisions météo rendent mes derniers jours sur l'île tout aussi fructueux. Apparemment, la houle se maintient encore demain...
- Mardi 5 Septembre: Vers 7h, je fonce au beachbreak le plus proche. Des 1m d'hier, il reste un très propre 50 à 80cm, déroulant en un très joli shorebreak dans une eau d'un bleu limpide cristallin.
En bord de plage, le vieux plagiste est là, fidèle à son poste. Bien que je ne comprenne qu'un mot sur cent (et c'est peu de le dire) à ce qu'il essaie de me raconter, c'est toujours un plaisir de le saluer. Après un méticuleux nettoyage de la plage; souillée par d'irresponsables touristes qui prennent le bord de mer pour une véritable poubelle; il installe les quelques transats et parasols qu'il possède. Pendant ce temps, je profite des jolies vagues que la mer veut bien m' offrir sous l'oeil attentif des lézards chypriotes (à corps d'iguane et à tête de petit crocodile).
L'après midi, je me redirige vers mes petites droites préférées, dont le fond caillouteux arrive à canaliser cette houle faiblissante. Il faut attendre un peu pour profiter des plus grosses séries, cependant les vagues à hauteur de cuisses restent largement surfables. En fin de journée, je me mets à l'eau sur un banc de sable hasardeux, profitant des dernières lueurs de ce coucher de soleil orangé, dont Chypre à le secret...
- Mercredi 6 Septembre: 9h. Levé plus tard que d'habitude, je constate comme prévue que la houle est insignifiante ce matin. Avec moins de 50cm en série, il est indispensable de posséder un longboard pour se mettre à l'eau. Entre baignade, bodysurf, tentative de surf et bronzette, mon dernier jour sur Chypre touche à sa fin. Je remercie la gérante du camping pour son accueil, Christophe pour ses précieux conseils avant de rendre ma voiture de location et attendre les 6h du matin de mon décollage.
- Jeudi 7 Septembre: Comme je l'avais envisagé, Chypre reste une très bonne destination, à celui qui aime surfer en Méditerranée. Outre le surf, celui qui aime naviguer, faire la fête, manger, se détendre ou découvrir des vestiges de civilisations anciennes ne sera pas déçu en venant ici.
Il est 7h30. Entre deux assoupissements, la tête appuyée sur le hublot j'aperçois une houle massive s'attaquant à des côtes très découpées. Nous sommes en train de survoler l'archipel qui constitue la Grèce. Le surf doit y être aussi très bon, mais ceci est une autre histoire...
Willi
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