Trip surf en Grèce: Terres de légendes |
8 Octobre - 21 Octobre 2007 |
Texte et photos: Willi Lliboutry |
Toutes les histoires que l’on raconte aux enfants, commencent toujours par « Il était une fois, un prince, une princesse, un royaume » et beaucoup d’autres choses qui font rêver sans pour autant appartenir ou avoir appartenu au monde réel.
Pour ce qui est des légendes, les choses semblent plus complexes. Elles ont su traverser, le temps et les générations, mêlant imaginaire et réalité à tel point que pour certaines d’entre elles, le doute reste entier.
Lorsqu’on parle de la Grèce, on pense aux jeux Olympiques, à une large mythologie et à de nombreux sites archéologiques de vestiges anciens qui retracent son passé à la fois glorieux et mouvementé.
De nos jours : c’est un pays qui est membre de l’OTAN, de l’Union européenne depuis 1981 et de la zone euro depuis 2001.C'est une république parlementaire dotée de 11 millions d'habitants.
D’un point de vue géographique, c’est un vaste archipel possédant plus de 13000km de côte en plein milieu du bassin méditerranéen. Ouvert à toutes les dépressions, donc à plusieurs orientations de houles et de vagues.
Une destination surf en méditerranée qui semble attirer du monde...
- CHAPITRE I : LA GRÈCE PLÉBISCITEE
Depuis que j’ai commencé à surfer, je me suis toujours douté qu’il devait y avoir de très bonnes vagues helléniques à se mettre sous le surf et le bodyboard.
Après de nombreuses tentatives de recherches sur le net, je n’avais jamais réussi à trouver de photos représentatives de ce qu’il pouvait y avoir (ou alors très peu à travers des clichés de vagues on-shore des sites de kitesurf et de windsurf).
Courant 2003, après une recherche hasardeuse, je découvre les coordonnées d’un surfeur grec (Giorgos Papandreou) vivant au NW de la Grèce dans la région de l’Ipiros (Epire). Après plusieurs contact par e-mail, il m’envoya des photos de chez lui, qu’il diffusa en même temps sur le site américain de Wannasurf.com .
Cela fait maintenant quatre ans que nous sommes en contact, et qu’il m’envoie régulièrement des photos de chez lui, sans que nous ayons eu la chance de nous rencontrer.
Il y a trois ans, pour le remercier de toutes ses photos, je lui ai fait parvenir un colis des premiers modèles No tide que j’avais fait imprimer, promettant de venir surfer chez lui un de ces jours.
Il y a deux ans, il me raconte la visite surprise de surfeurs pro américains ( Joe curren , Ben Bourgeois… ) venus surfer chez lui et sur l’île de Corfou. Arrivés en plein hiver, ils ont eu d’excellentes conditions qu’ils relatent et illustrent de façon remarquable dans un article du magazine « Surfing » (vendus à plus d’un million d’exemplaires chaque mois !). Imaginez vous le bruit qu’à fait ce trip surf méditerranéen (« The Poséidon adventure ») dans la communauté surf internationale.
A la fin de l’ Eté 2006, revenant de Chypre, j’apprends que Giorgos part surfer en Crête au mois d’Octobre. Une occasion de plus manquée de surfer ensemble qui sans nul doute, serait remise à plus tard. L’hiver dernier, il me confirme que mes amis français sont biens arrivés… Mes amis ???
Qui serait parti en Grèce sans moi et sans me le dire ? !!! Je sus par la suite, qu’il s’agissait de surfeur atlantiques (Adrien Valéro, Glenn Le Toquin et Geoff Henno) peu être parti en Grèce,après avoir eu connaissance de l’expédition américaine, ont eu aussi de bonnes vagues. Vous pouvez retrouver leur trip raconté par Yannick Le Toquin dans le « Surf session » du mois de Juin 2007.
La découverte d’un billet d’avion défiant toute concurrence pour Athina (Athènes) à moins d'une centaine d’euros aller-retour (planche incluse) via Barcelona me motiva suffisamment à poser les derniers congés de l’année.
Nous sommes au mois d’Octobre, les dépressions s’enchaînent, il ne reste plus qu’à avoir la chance d’être au bon endroit au bon moment comme cela est de rigueur pour n’importe quel trip surf que ce soit.
Chance ou pas, il y a beaucoup de choses à voir et à faire dans le pays, un bon surf serait un plus non négligeable. J’envoie un e-mail à Giorgos lui indiquant le jour de mon arrivée et reçois en retour une confirmation de bonne entrée de houle dans les jours suivants mon atterrissage… Serait-ce les signes d’un bon présage de la part des Dieux?
- CHAPITRE II : DE L’ATTIQUE VERS UN DÉDALE MONTAGNEUX
Arrivé de très bonne heure (5h du matin), je récupère ma voiture de location, et profite du levé de soleil et du début de matinée pour prendre quelques photos d’Athènes me promettant de la visiter intégralement plus tard.
Seriez-vous surpris si je vous apprenais que les Catalans, après avoir conquis de larges territoires (en Espagne et France actuelles), avaient annexé les Baléares, la Sicile et la Sardaigne, avant de conquérir la ville au début du XIV°s ?
En Mars 1311, la compagnie catalane et une bande de mercenaires appelés "Almogàvers", s'emparent de la ville jusque là tombée sous la domination des francs. Elle est contrôlée par les Catalans jusqu'en 1388 puis par les Florentins, avant de tomber aux mains de l'empire ottomans en 1458.
En 1822 une insurrection grecque prend contrôle de la ville, qui retombe aux mains des Ottomans quatre ans plus tard. En 1833. Athènes devient la capitale du royaume de Grèce, mais en réalité c'est encore un petit village au pied de l'Acropole, dans ce qui est aujourd'hui le quartier de Plaka. De nos jours, c'est une ville très moderne qui souffrent, malheureusement, un peu trop souvent de la pollution.
Le réseau autoroutier de l’Attique (région d’Athènes) jusqu’au prémices du Péloponnèse via le canal de Korinthos (Corinthe) est récent et excellemment desservie (plaines et jeux olympiques de 2004 oblige). Pour les autoroutes déjà en place, vous ne payez que 2 à 3 euro (à l’aller !!), et on vous donne un ticket que vous pouvez présenter au prochain péage qui vous acquitte de verser quoi que ce soit en plus.
Pour ce qui est du reste de la Grèce, très vallonné et montagneux, les choses se compliquent, l’aménagement des routes et très difficiles, vous avez souvent des petites nationales qui montent et descendent. On a toujours l’impression de partir skier au lieu de partir surfer.
Cela n’empêche pas le gouvernement grec, d’avoir engagés des travaux pharao.. Euh…titanesques (nous sommes en Grèce !), pour essayer de faciliter le réseau autoroutier et mettre en place de grands axes reliant les principales villes du pays.
J'entame mon voyage en me dirigeant vers la célèbre ville de Marathon. En 490 avant J-C, un soldat (Philippidès) partit du champ de bataille pour annoncer la victoire sur l’ennemi Perse. On raconte, qu’il courut si vite les 45km et 195m qui le séparait d’Athènes , qu’il en mourut d’épuisement quelques minutes après avoir délivré son message. De nos jours, des milliers de personnes font ça… pour le plaisir. Comme quoi, les choses ont bien changées.
Je prends ensuite la direction de Delphes à quelques 190km de la capitale où l’on trouve un des plus beau site archéologique du pays. L'ensemble du site a la forme d'un théâtre. Dans l'antiquité, un ensemble de délégués de douze états grecs constituait l'Amphictyonie; le conseil amphictyonique administrait les affaires du sanctuaire et organisait les jeux Pythiques.
A l'origine ceux-ci célébraient la victoire d'Apollon sur Python par un concours musical (Apollon est le dieu de la musique); puis s'ajoutèrent, sur le modèle d'Olympie, des épreuves gymniques, des courses de chars et des concours de poésie. Les Jeux eurent lieu tous les quatre ans (la troisième année de chaque olympiade) à partir de 582. La récompense, comme à Olympie, était une simple couronne de laurier.
Les villes envoyaient, lors des jeux et après chaque victoire militaire (sur les barbares mais aussi sur une autre ville grecque !) de précieuses offrandes au dieu (plusieurs se trouvent actuellement au musée). Chaque cité mettait un point d'honneur à envoyer les plus riches offrandes. Delphes devint ainsi un champ de concurrence artistique... et de convoitises ! C'est ainsi que Néron emporta cinq cents statues à Rome, les empereurs chrétiens Constantin et Théodose de nombreux trésors à Constantinople. De nos jours, c'est un site très beau et intéressant. Bien que les tours opérateurs déversent un peu trop de touristes, c'est une étape à ne pas manquer!
En début d’après-midi, délaissant Delphes, je prends plusieurs petites routes montagneuses. L’asphalte finit par se transformer en piste caillouteuse et terre battue. Les chemins sont nombreux et la chance semble m’avoir abandonnée.
Je me retrouve prisonnier d’un dédale où les villages (non mentionnés sur les cartes) ne se composent que de deux ou trois maisons inhabitées. Impossible de demander sa route, impossible de rebrousser chemin, le réservoir presque vide au milieu de nulle part, je tourne, monte et redescends pendant plus de deux heures…
Et toujours personne à l’horizon, jusqu’à ce que je rencontre fortuitement une famille vivant au milieu des bois. Aucune des quatre personnes ne parlent l’anglais ou le français. Je tente de leur expliquer mon problème dans mon grec limité, tout en faisant du mime pour raconter ma mésaventure.
Kosta (le père), m’explique que j’ai atterris … à 40km de toute route goudronnée ?!!! Sa fille d’une quinzaine d’années, (peut-être prénommé « Ariane »), part chercher une carte de la région dans la maison, et me trace l’itinéraire à suivre pour arriver à une station service. Sa sœur trouve dans le garage un vieux bidon d’essence, que son paternel s’empresse de me mettre dans le réservoir. Refusant tout argent de ma part, il me conseille de ne pas m’éloigner du chemin principal et me souhaite bonne route. L’hospitalité de certains grecs, est vraiment incroyable (quelques français devraient peut être aller faire des stages là-bas). Je remercie très chaleureusement tout le monde, suis ce long chemin de terre à travers de magnifiques forêts, retrouve enfin une « vraie » route, fais le plein et repars en direction du NW.En fin de journée, j’arrive exténué au camping, situé en bord de mer, d’où l’on entend un shorebreak claquer bruyamment. Il y a déjà une bonne houle, à tel point qu’on pourrait porter plainte pour tapage nocturne ! Ce ne sera sûrement pas mon cas (éveillé depuis plus de 30 h). Je plante ma tente, mange un morceau et m’endors dans les bras de Morphée, rêvant des bonnes vagues à surfer demain.
- CHAPITRE III : GIORGOS SURFEUR DE L’IPIROS
Levé assez tard, je me rends au centre du village. En bordure de mer, un paysage vallonné et rocheux à la végétation luxuriante, offre un décor méditerranéen atypique face aux îles de Paxos et Antipaxos. Les champs d'oliviers s'étendent un peu partout, garantissant la meilleure huile d'olive du pays. Dans les ruelles du village, je trouve le magasin de vêtements et souvenirs de Giorgos, j'y rencontre ses parents qui me font un excellent accueil et appelle leur fils pour le prévenir de mon arrivée. Nous nous donnons, rendez-vous en début d’après-midi pour aller surfer.
A 36 ans, mon homologue est l’un des tous premiers surfeurs helléniques avec les frères Geralexis. Ils ont débuté les joies de la glisse en Méditerranée , après un trip surf Canarien au début des années 90.
Depuis cinq ans et de nombreuses photos parues dans la revue de glisse grecque, les sports de vagues sont devenus à la mode.
Beaucoup d’athéniens se jettent à l’eau parcourant plusieurs centaines de kilomètres le week-end pour s’adonner à leur nouvelle passion. Avec près de 300 (ce chiffre semble récurrent même en dehors de Spartes !) adeptes dans le pays, le surf grec évolue de manière significative et continue. Pour mettre en place des connexions, Giorgos a monté avec un ami (Panos Gkikas) le site "Surfingreece", où vous pourrez retrouver des informations sur l'école de surf, ainsi que les photos des surfeurs helléniques les plus célèbres.
Pour l’heure, il attend impatiemment que sa femme donne naissance à leur second enfant (Maria Kostantina). L’énergie débordante du premier (Nikola, 3 ans), annonce déjà un futur grand surfeur qui veut suivre les traces de son père, dès l’an prochain.Souvent sollicité pour faire part de son expérience qu’en aux conditions à venir, le portable de Gio n’arrête pas de sonner (on dirait le mien). Ça marche ? Où ? Quand ? Comment ? A croire que c’est lui qui fait la pluie et le beau temps.
Concernant les prévisions justement, il m’annonce une mauvaise nouvelle… Le plus gros de la houle prévu pour aujourd’hui est rentré hier ! 1m50 tubulaire, soleil et vent off, pendant que je prenais mon temps ou me perdais dans les bois !!! Il me rasure en me disant qu'il reste encore de quoi surfer.
A bord de son 4X4, il me fait découvrir tous les spots dont il m’a envoyé les photos, me prêtant une de ses planches volumineuses qui me permettra de shooter cette houle faiblissante.
Il fait beau, l’eau fraîche et cristalline donne à la mer des reflets bleu turquoise. Par contre pour le surf, nous devrons nous contenter de petites vagues propres, lissées par un faible vent off-shore. Ce ne sera pas la session de l’année, mais c’est déjà un bon début, en espérant mieux pour les jours à venir.
Le soir, nous nous retrouvons pour visualiser les prévisions et manger un morceau (Vive la cuisine grecque! Succulente!). D’après les modèles américains : à l’Ouest rien de nouveau, par contre à l’Est (côté Égée), un swell de NE est prévu.
Il y a 400 km pour se rendre de l’autre côté du pays, malheureusement les routes montagneuses peuvent considérablement rallonger l’expédition. Sachant que Giorgos ne connaît les spots qu’à travers le récit de quelques amis, cela vaut-il la peine de tenter le coup ? On dit que la nuit porte conseil, que va me conseiller celle-ci ?
- CHAPITRE IV : LES METEORA MONASTERIA
Venu en Grèce pour surfer mais aussi pour visiter le pays, il me reste une multitude de choses à voir, comme le fameux site des Météores situé à quelques 250km.
Je me lève de bonne heure et me prépare à partir pour la journée. Laissant de côté une éventuelle session hasardeuse en mer Égée.
La route plus longue et escarpée que prévue, semble me mener au « vénérable du sommet ». De la brume, de la pluie, un petit 5°c avant de redescendre pour retrouver une route nationale plus plate dans les plaines de Thessalie.
Je découvre, avec curiosité la conduite grecque qui consiste à rouler à cheval sur les lignes blanches. Ainsi sur une deux voies, vous avez trois lignes ; une pour chaque sens de circulation et celle du milieu pour doubler.
Dans ses conditions, il devient dangereux de s’arrêter sur le bas côté ou de tomber en panne en dehors des petits parkings prévus à cet effet.
Concernant les cyclistes, je comprends pourquoi je n’en ai pas encore croisés ?!!! C’est étrange au début, mais très pratique par la suite pour doubler les gros camions. Pour ce qui est de la vitesse, on part sur le principe (commun à tous les pays) du « pas vu pas pris ». Par contre si vous vous faites flasher et arrêter, l’amende peut s’avérer très salée.
Je finis par arriver sur le site, qui est d’une curiosité et d’une beauté incroyable. En plein milieu des plaines, des pitons rocheux semblent émerger de terre tels des « tours de Babel » sur lesquelles trônent des monastères séculiers. La légende veut que les rochers soient tombés du ciel pour permettre aux moines de se retirer et prier.
En réalité, c’est un phénomène géologique particulier qui entre séisme et érosion a conduit à un tel résultat.
Dans un premier temps, au XI°siècle, les moines troglodytes vivaient et priaient à même la roche. Plus tard au XV°siècle, ils construisirent des monastères afin de se rapprocher de Dieu et surtout afin d’échapper aux perses.
Il y a eu jusqu’à 24 monastères, en activité, mais pendant la seconde guerre mondiale, les allemands en ont détruit quelques eux afin de déloger les résistants grecs qui s’y été cachés.
De nos jours, six d’entre eux sont toujours en activité à l’intérieur desquels ont peu retrouver des popes à longue barbe égrenant des chapelets entre deux prières ou méditations métaphysiques.
Il vous en coûtera 2 euro pour la visite de chaque monastère avec des heures d’ouverture, qui font abstraction de la période de sieste. Les femmes quant à elle devront se couvrir les jambes à l’aide « de ponchos » (fournis à l’entrée) pour ne pas perturber le vœux de chasteté auquel se sont soumis les moines.
Il y a aussi de nombreuses balades à faire, le long des Météores, mais en ce début d’après midi la faim prime sur la marche. Je trouve de quoi me restaurer et retourne à ma voiture.
Giorgos m’a laissé un message. La houle de NE a été revue à la hausse (1m à 1m50). « Go there my friend !... ».
- CHAPITRE V : LA LÉGENDAIRE MER ÉGÉE
Comme chaque Été (du 23 au 30 du mois d’hécatombéon (mi-juillet)) , des festivités religieuses (les Panathénées )se tenaient à Athènes en l’honneur de la naissance de la déesse Athéna. Cette année là, à la fin des épreuves, Égée, roi de l'Attique et de l'Eubée remis le trophée du vainqueur à Androgée, fils de Minos (Roi de Crête). Quelques jours plus tard, Androgée mourut dans des circonstances suspectes. Minos tint Égée pour responsable, et envoya ses troupes assiéger Athènes. A bout de force, les Athéniens proposèrent à Minos de choisir le tribut qu'il voulait pour lever le siège : il exigea que chaque année lui soient envoyés en Crète sept jeunes garçons et sept jeunes filles.
Une vingtaine d'années auparavant, Minos avait demandé à Poséidon de lui offrir un taureau blanc qu'il promit de lui sacrifier quelques semaines plus tard. Beau et unique en son genre, Minos ne pu se décider à le tuer et sacrifia une autre bête.
Poséidon s'aperçu du larcin, et se vengea en donnant l'apparence du roi au taureau blanc. Ce dernier féconda Pasiphaé (la reine) qui donna naissance à un être mi-homme mi-taureau: Astérion (Le Minotaure).
Horrifié et humilié, le roi de Crête ordonna à Dédale de lui bâtir un labyrinthe dont personne, ne pourrait s'échapper. Il lui confia d'y enfermer son enfant illégitime de peur que la vérité n'éclate au grand jour.
L'architecte aidé de son fils Icare, exaucèrent la volonté du roi, et profitèrent de vents favorables pour quitter l'île, échappant au courroux de Minos qui les avait accusés de s'être ligués à Poséidon. Lors du vol, contrairement aux recommandations de son père, Icare prit trop d'altitude, à tel point que le soleil fit fondre la cire qui lui servait à maintenir ses ailes dans le dos. Il tomba à la mer et s'y noya. Quelques temps plus tard, le corps d'Icare fut repêché sur une île. En sa mémoire, on lui donna son nom Icaria (l'île d'Icarie).
Ainsi chaque année (ou tous les 9 ans selon les versions), afin d'apaiser la colère de Minos et la faim du Minotaure, quatorze athéniens étaient envoyés en Crête. Thésée (le fils caché d'Égée), prit place au royaume et fut associé au pouvoir par son père.
Émut par la douleur des familles des jeunes sacrifiés, il s'offrit pour prendre la place de l'un d'entre eux, pour aller tuer le Minotaure, afin de libérer Athènes du joug de Minos. Après mûre réflexion, son père consentit à ce qu'il parte. Il lui ordonna seulement d'hisser les voiles blanches (en signe de victoire) de son navire au lieu des voiles noires traditionnelles (signe de défaite).
En crête, Ariane (la fille de Minos) s'éprit de Thésée, lui confiant une bobine de fils (reçue de Dédale) et une épée. Thésée entra dans le labyrinthe avec ses treize concitoyens (dont deux étaient ses soldats et amis), tua le Minotaure et retrouva le chemin de la sortie, grâce au fil qu'il avait déroulé. Minos, concéda à une trêve et les athéniens purent prendre le chemin du retour.
Accompagné d'Ariane (qu'il a promis d'épouser), Thésée, ses compagnons et l'équipage fêtèrent dignement leur succès à bord du bateau, omettant de changer les voilages.
Quelques jours plus tard....
- « Mes sires ! Un navire approche de nos côtes ! » | |
- « Un navire, dis-tu ? Fait-il parti de notre flotte ?!!! » |
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- « Oui mes sires ! Il semblerait que ce soit celui de Thésée rentrant du royaume de Minos » | |
- « Mon fils, mon unique fils est de retour ! Je savais qu’il triompherait du Minotaure ! Mon fidèle conseiller, prépare donc de quoi fêter dignement le retour et la victoire de mon successeur. | |
- « M..aii..s mon maître, j’ai une terrible nouvelle à vous annoncer… » | |
- « Parle donc ! Qu’y a-t-il ?!!! » | |
- « Mes sires, les voiles hissées sur le bateau de votre fils sont…sont noires…» | |
- Égée s’agenouillant. « Miséricorde…Mon Thésée à lui aussi péri de la main du monstre…Et moi qui lui ai donné ma bénédiction… Sors ! Sortez tous ! Laissez moi seul ! | |
Le roi entreprit alors d'aller vérifier les dires de son sujet. Il quitta le palais, et marcha jusqu'à la pointe du cap Sounion, d'où il aperçu au loin le navire de Thésée teinté d'un noir sombre et austère. | |
- Alors c'est dont vrai! ... Les Dieux de l'Olympe m'ont-ils abandonnés! ... J'ai perdu mon honneur face à Minos, combien d'athéniens sont morts par ma faute ses dernières années?!!! Et aujourd'hui... toi! ...Mon fils ! Je ne mérite pas de vivre! Ta mort sur ma conscience est un trop lourd fardeau à porter... Je viens te rejoindre dans l'autre monde! | |
Égée, se précipita alors du haut de la falaise, se tuant sur les écueils. Son corps fut repêché et il reçu les sacrements qu'il méritait. En sa mémoire, Thésée ordonna que la mer porte son nom: "La mer Égée". |
- CHAPITRE VI : SURF EN THESSALIE :
J’ai laissé ma tente au camping, mais de peur que l’on ne me les dérobe, j'ai emporté ma planche et ma combinaison avec moi.
Pour atteindre les côtes Est grecques, il me reste 150km à faire. Je fonce, espérant qu’Éole et Poséidon soient des plus généreux.
La route devenue enfin plate et rapide me permet de gagner plus de temps que prévu. Cependant, les quarante derniers kilomètres montagneux semblent interminables. Ils me mènent à une station de ski ( ?!!), avant de redescendre tortueusement vers la mer.
Le vent faible et off-shore, lisse de longues ondulations qui viennent mourir sur le rivage. Le fond d’une première plage isolée ne semble pas très adapté à la pratique du surf, n’offrant qu’un gros shorebreak au déroulement hasardeux sur des rochers escarpés.
Je fais demi tour, prends une autre direction, et découvre une magnifique et longue droite, qui me soulage de ne pas avoir fait le voyage pour rien ! Je descends la route sinueuse qui me mène face à un petit port, où séjournent quelques bateaux de pêcheurs.
A gauche, le long de la chaussée sur plus de 200m, s’enroule cette longue vague qui n’est pas s’en rappeler sa cousine chypriote, qui m’offrit quelques une de mes plus belles sessions sur l’île.
Ici, c’est le même principe, plusieurs sections déroulent sur fond rocailleux. S’en suit une longue plage de sable fin, où plusieurs pics squattés par les pêcheurs adeptes du surf casting offrent un beachbreak sympathique.
Je prends quelques photos, mets ma combinaison, un peu de wax sur la planche et après quelques étirements, essaie de débusquer un passage jusqu’au pic.
Il y a un bon mètre, voir plus ou moins selon les séries qui rentrent à fréquence irrégulière. C’est un peu mou au take-off puis la vague s’enroule sur elle-même, offrant une large épaule plus puissante qu’il faut se dépêcher de rattraper pour avoir la chance de voir les différentes sections se connecter les unes aux autres et vous offrir la plus longue vague de Mer Égée.
Une série, un bon placement, un take-off tardif en diagonale suivit de quelques manœuvres et un petit tube sur la dernière section de cette « Jeffrey’s Égée », me valent quelques applaudissement et un grand « Oréa !! » (Belle ! ) de la part des pêcheurs.
J’enchaîne les vagues et les gamelles dans les cailloux (et oui ! moi c’est Willi pas Kelly) pendant plus de deux heures.
La nuit tombe, les lampadaires disposaient le long de la route éclairent suffisamment pour prolonger cette session égéenne insoupçonnée, alors pourquoi ne pas rester un peu plus longtemps.
Une demi-heure plus tard, je me décide à sortir de l’eau, prends une douche en bord de plage et appelle Giorgos pour lui raconter mes impressions sur la journée. Il m'informe que la houle devrait se maintenir un peu demain matin avant de faiblir par la suite.
Sur le parking en terre, qui fait face à la mer, je fais la connaissance d’un sympathique couple d’enseignants allemands.
Accompagnés de leur progéniture (de 8 mois et 3ans), ils profitent des quelques mois de leurs congés paternités pour faire un tour d’Europe à bord de leur camping car.
Nous nous échangeons nos informations, sur les parties respectives du pays que nous avons visité, ainsi que quelques dialogues en anglais avant d’aller dormir. En parlant de ça, où et comment vais-je dormir ?
Pas de tente, pas de duvet (restés à 400km), pas suffisamment de place dans la voiture, il me reste l’option de dormir dans ma housse de surf sur la plage. Camouflé à l’intérieur de ce lit de fortune, je suis plusieurs fois réveillé par un vent venu de la mer et une pluie fine que je sens dégouliner le long de mon visage. Très fatigué, je réussi tant bien que mal à m’endormir.
La nuit agitée et humide, cède la place à une matinée grisâtre. La houle écrasée et désordonnée par un vent modéré on-shore de secteur NE donne des vagues de 50 à 80cm.
Ça ne vaut pas le surf de la veille, mais il y a encore de quoi faire. En plus, il n'y a toujours personne, alors pourquoi s'en priver. Invité à prendre le petit déjeuner avec les allemands, je profite de leur conseil pour regagner le Péloponnèse. Nous échangeons nos coordonnées, avant, que je ne prenne la route en direction du Sud.
- CHAPITRE VII : LES VESTIGES DE LA ROUTE DU PÉLOPONNÈSE
Je visite la région du Skopélos (Le Pélion) , dont les routes sinueuses au milieu des forêts, se font un malin plaisir à me détourner de mon itinéraire tant la vie y semble paisible.
Dans l’antiquité, on pensait que les monts étaient habités par les Centaures (mi-hommes, mi-chevaux) et les Licornes. Quand je vous dis que la Grèce sème le trouble entre légendes et réalité....
Plus tard lorsque les perses envahirent le pays, le sultan accorda des privilèges à cette partie du pays qui eu le droit de conserver ses traditions, et l’apprentissage du grec.
Des us et coutumes qui sont toujours très présents de nos jours.
Je redescends vers l’attique tout en admirant ses côtes très découpées qui n’accueillent malheureusement pas de houle du fait de leur protection par l’île d’Evia (Eubée), sur laquelle de nombreux spots doivent fonctionner, avec cette houle particulièrement bien orientée.
Une visite à envisager pour un éventuel futur "trip surf ".
En fin d’après-midi, j’atteins le fameux détroit de Korinthos (Corinthe).
70m de haut pour 24.6m de large, la roche calcaire blanche, semble avoir été découpé au scalpel, avec une précision chirurgicale.
C’est un formidable raccourci (6 km) pour les bateaux généralement issus du Pirée (port d’Athènes) qui veulent regagné l’Ouest du bassin Méditerranéen via le golfe de Corinthe.
La nuit s’installe petit à petit, à mon arrivée dans le Nord Est du Péloponnèse.
Après de nombreux échecs, je trouve finalement un camping qui loue des caravanes pour la nuit à un prix très raisonnable.
Au petit matin, je découvre le site d’Épidaure qui est le théâtre le mieux conservé de toute la Grèce (quasi-intact). Il a été retrouvé fortuitement en 1829, par une expédition française chargée de répertorier les vestiges antiques. Le musée n’est pas super grand mais on retrouve quelques fresque et statues intéressantes.
Et comme dans tous les musées, si vous voulez prendre des photos, (même si ce ne sont pas des peintures) c’est NO FLASH.
Je me rends ensuite à Mycènes où d’après l’Iliade (d’Homère), s’élabora l’expédition contre Troie. J’y trouve de nombreuses orfèvreries qui firent la réputation des mycéniens, dont notamment une magnifique porte à tête de lionnes.
En me dirigeant sur la côte, je visite la jolie ville de Nauplie et sa forteresse en bord de mer.
Vers 12h, décidé à partir sur la route de Sparti (Spartes), je reçois un message de Giorgos : « You’re lucky my friend ! A big NW swell is previous for the two next days. Come back !...”
- CHAPITRE VIII : PROMÉTHÉE OU LA FOLIE DES HOMMES
Je suis là pour visiter le pays, mais s’il y a une très bonne session à faire, il faut savoir changer ses plans. Je laisse le Péloponnèse sud de côté pour rejoindre la côte Ouest.
La route est toujours aussi longue, mais je ne me lasse pas de ces paysages incroyablement beaux. Les plaines cèdent la place à des vallées verdoyantes puis à un paysage plus montagneux arboré de pins. Ça monte, ça monte, ça tourne puis ça redescend…
Là, le long de la route, je découvre avec stupeurs, les traces des incendies de cet Eté 2007 qui ont mis en émois toute la communauté Hellénique…. Et il y a de quoi !
La forêt est complètement calcinée, certains panneaux de signalisation ont fondus, laissant presque envisagé l’hypothèse d’une attaque nucléaire, qui aurait rayé de la carte, des villages (et malheureusement certains de leur habitants) entiers.
Quelques arbres sont par endroit intacts, comme si le feu avait brusquement changé de direction, épargnant ça et là quelques terres.
Prométhée toi qui te fait dévorer quotidiennement le foie par un aigle royal, pour avoir donné le feu aux hommes, ne paies-tu pas lourdement ta faute, contrairement aux pyromanes, que l’on n’a jamais retrouvés ?
Combien d’arbres séculiers et de forêts millénaires ont disparu en quelques jours ?
Combien de temps faudra t-il à la nature pour reprendre son aspect originel ?
Je me suis laissé entendre dire (et je ne suis pas là pour polémiquer) qu’en Grèce, le cadastre n’existe pas ou très peu.
Ainsi, après un incendie, il suffit à l’aide d’un ami (témoin) de dire à la mairie que telles terres ou maison étaient à soi pour se voir (s’il n’y a pas de réclamation) attribuer la propriété de la parcelle.
Sur certaines îles, des hôtels auraient curieusement fait leur apparition après qu’un incendie est détruit de vieilles bâtisses…
Quelques kilomètres plus loin, j'arrive sur la fameuse bourgade d'Olympie. Que ce soit en Grèce continentale,dans les îles ou sur Chypre, les panneaux indiquant les lieux à visiter sont toujours de couleur marron avec le nom grec inscrit en jaune et la traduction anglaise en blanc. Comme ça lorsque vous êtes sur la route, vous n'avez qu'à suivre la flèche pour vous rendre sur le site...enfin... des fois il vaut mieux aussi demander confirmation à un autochtone pour ne pas se planter!
CHAPITRE IX : LA DÉCOUVERTE D’OLYMPIE :
Le site d’Olympie a miraculeusement échappé au carnage. Situé au pied du mont Kronion, en pleine nature, il accueillait les jeux olympiques antiques.
Il semble avoir été occupé de manière continue depuis le début du IIIe millénaire av. J.-C. C'était un sanctuaire, et non une ville, uniquement habité par le personnel des temples et les prêtres du culte.
Elle abritait un sanctuaire dédié à Zeus, sous l'égide duquel se tenaient des Jeux, tous les quatre ans à partir de 776 av. J.-C., date de la paix entre Lycurgue, roi et législateur de Sparte, et le roi Iphitos de Pise, en Élide.
Les jeux étaient célébrés même en temps de guerre, permettant une fraternisation des différentes cités grecques.
Le grand Xerxès lui même, ne comprenait pas pourquoi les spartiates, arcadiens ou athéniens s'arrêtaient de combattre, le temps des olympiades (7 jours).
Il y avait peu d'épreuves: course à pied, javelot,disque, lutte, boxe et pancrace (assez brutal, l'ancêtre de l'ultimate fighting actuel où il était interdit de crever les yeux). Les vainqueurs ne gagnaient qu'une couronne de laurier. La réputation et les statues à leur effigie étaient beaucoup plus importantes à leurs yeux que tout l'or du monde. Ils recevaient cependant, une pension alimentaire à vie.
Les femmes n'avaient pas le droit de participer aux épreuves. Quelques féministes très "couillues", s'étaient quand même fait passer pour des hommes, battant à plates coutures quelques uns des meilleurs compétiteurs! Une règle non respectée entraîne toujours une sanction. Le non respect de celle-ci, était un plongeon (à l'issue de leur plein grès) du haut d'une falaise!!!
Après quoi, il fût décider de faire défiler les athlètes nus, avant le lancement des olympiades. L'arrivée des romains au II°s avant J-C transformèrent les jeux en vulgaire foire. Les derniers jeux eurent lieu en 393 après J-C, ils furent ensuite interdit par l'empereur Théodose qui voyaient dans ces olympiades des pêchés charnels.
Son successeur Théodose II, ordonna la destruction d'Olympie considérant les jeux comme des fêtes païennes. Il fallu attendre 1894, que le baron Pierre de Coubertin fit voter (dans un amphithéâtre de la Sorbonne), le rétablissement des jeux olympiques modernes, qui eurent lieu en 1896 à Athènes.
En 1908, le Marathon fut adopter comme discipline à part entière.
Bien qu'il y est beaucoup de ruines, le site perdu au milieu de la nature à un charme exceptionnel. Il ne faut pas oublier d'aller courir un tour de stade olympique!
Le musée quant à lui est assez vaste. Une grande salle retraçant les 12 travaux d'Héraclès (Hercule), et une autre présentant les armures (vues dans le film 300) m'ont particulièrement plues.
En fin d’après-midi, je sors du musée Olympien pour me rendre sur la côte. Je constate que le vent d’Ouest souffle modérément, agitant une houle surfable.
Non loin de là, je découvre, quelques petits pointbreaks et beachbreaks des plus sympathiques.
Je trouve finalement mon bonheur sur cette plage déserte.
Un petit bout de paradis méditerranéen perdu, qui permet de surfer sous les rayons d’un coucher de soleil aux tons orangés dont les côtes méditerranéennes ont le secret. Quelques vagues, une petite douche, et un repas bien mérité avant de trouver une caravane dans un camping où passer la nuit.
CHAPITRE X : ULYSSE OU LA COLÈRE DES DIEUX
Pour rejoindre la Grèce continentale, vous pouvez soit emprunter le ferry (il vous en coûtera 5 euros, le bateau part une fois qu’il est plein (c’est assez rapide avec le nombre impressionnant de poids lourds qui traversent). C’est sympa et ça dure un petit quart d’heure. Soit prendre le pont, qui est beaucoup plus rapide, mais beaucoup plus cher : 10,70 euros ! Comme à tous les péages et dans de nombreux commerces, on ne vous prend pas les cartes de crédits.
Les paiements électroniques, ne sont pas encore entrés dans les mœurs, il vous faudra prévoir beaucoup d’espèce et une capacité de retrait bancaire hebdomadaire suffisante pour ne pas écourter votre périple. A bons entendeurs…
Je suis toujours la route vers le Nord qui me mène à Préveza d’où l’on prend un tunnel (pour la modique somme de 3 euros) qui passe sous le niveau de la mer qui me permet d’atteindre l’Ipiros .
Ceux qui serait tenter de visiter l’île de Lefcada (Leucade : l’île présumée d’Homère), pourront trouver leur bonheur en prenant la route qui s’éloigne dans les eaux ioniennes. A quelques encablures, se trouve l’île d’Ithaca (Ithaque : la patrie d’Ulysse).
Ulysse, qui selon la légende homérique, aurait à son retour de la guerre de Troie provoqué la colère des Dieux, le plongeant dans une « Odyssée » longue de vingt ans. Durant tout ce temps, sa femme Pénélope repoussa ses prétendants et par la même les prétendants au trône.
Elle prétexta ne pouvoir accepter les avances de quelqu’un qu’une fois sa broderie finie. Un ouvrage qu’elle fit le jour, et défit la nuit, espérant toujours le retour de son bien aimé. Les temps changent, la fidélité légendaire des femmes n’est peut-être pas aussi vérifiable qu’Homère tenta de nous le raconter. Cependant vous trouverez de nombreuses grecques broder derrière les comptoirs des commerces du pays.
En fin de matinée, après avoir retrouvé ma tente délaissée au camping depuis plus de trois jours, je rejoins, Giorgos à sa boutique. D’après son air dépité, les nouvelles ne sont pas bonnes…
Pour aujourd’hui, le flux de secteur NW est beaucoup plus faible que prévu, générant cependant de jolies vagues sur le sud de la zone. Ensuite, ça devient très défavorable, même sur les îles ioniennes, avec un flux qui s’oriente au secteur NNE.
Pour ainsi, dire, toute la houle passe au large en direction de l’Italie et la Sicile. Éole m’en voudrait-il ?
Devant se rendre à l’hôpital avec sa femme, voir comment évolue la grossesse, Giorgos ne pourra pas surfer avec moi. Il m’indique cependant un spot au cadre rocheux et verdoyant où déroule des vagues très propres et rangées. Plus de taille, aurait été bienvenue, mais on ne va pas cracher dans la soupe, on va juste espérer que quelqu’un y souffle suffisamment fort et dans la bonne direction pour faire fonctionner tous les meilleurs spots du coin avant mon départ.
CHAPITRE XI : CAP VERS LE PÉLOPONNÈSE SUD
Le soir venu, je retrouve toutes mes nouvelles connaissances grecques autour d’un succulent repas, dans l’un des innombrables restaurants situés en bord de mer. Contrairement à ce que je sais de la vie politique grecque (c'est-à-dire rien du tout), ici pas mal de monde est au courrant de ce qui se passe chez nous. Les potins concernant Sarko font d’ailleurs la une de pas mal de journaux ?!!!
Un peu plus tard, dans un bar, nous continuons à trouver les différences et les similitudes qui nous caractérisent. Giorgos en profite pour me reparler d’un spot qui pourrait très bien fonctionner demain et après demain, étant donné qu’ici le NNE semble s’être installé pour quelques jours. D’après l’expression de son visage (gênée et désolée), je comprends que les vagues doivent se trouver loin …très loin. En effet, si je veux surfer, il faut que je retourne, sur la route que j’ai quittée il y a deux jours : celle du Péloponnèse Sud.
Certes, ce n’est pas la porte à côté, mais je suis en vacances et cette nouvelle excursion me permettra toujours de découvrir, une autre partie de la Grèce qui me fait défaut. Ne dit t-on pas « les voyages forment la jeunesse » ? A cela j’ajouterai « Si tu veux rouler, va falloir encore payer ! »
Le colza ayant déjà fait ses preuves, je serai tenté d’essayer l’huile d’olive, en secouant les innombrables oliviers qui bordent le camping ! Devant me résigner à mes fantasmes d’ingénierie automobiles en ces heures tardives, je finis par regagner ma tente et m’endormir. Le lendemain matin, les micros ondulations du bord de mer me motivent à plier bagages et partir vers le Sud. Quelques heures plus tard, j’atteints les côtes septentrionales du pays.
J’arrive à Kiparissia, qui selon la légende Homérique aurait été le port de départ pour la guerre de Troie (Troie qui se serait situé (toujours selon Homère) sur les côtes occidentales turques actuelles).
Je retrouve quelques vagues similaires à celles que j’avais trouvées, il y a trois jours ; des beachbreaks et pointbreaks qui marchent à perte de vue. Ce n’est jamais très gros, mais toujours assez propre et rangé.
La nationale, se transforme en petite route côtière qui s’éloigne du bord de mer pour se perdre dans les champs d’oliviers. Là entre deux villages, je croise une voiture au toit couvert de plusieurs planches de surf ! Je n’ai pas le temps de faire demi-tour, qu’elle s’évapore déjà dans la nature. Ses occupants venaient-ils d’aller surfer ? Ou au contraire allaient-ils surfer ? Ne sachant pas retrouver les indications de Giorgos, je m’arrête demander ma route à un vieux pêcheur. La plage que je cherche est connue, et à seulement 3km d’ici. Je suis les conseils du vieil homme, et découvre enfin le spot.
CHAPITRE XII : SURF DANS LE SW DU PELOPONNESE :
Une baie assez large, entourée de rochers, laisse déferler des vagues propres et rangées. Une dizaine de personnes profitent des conditions sur ce joli beachbreak, dans une eau chaude qui permet encore de surfer en maillot.
Ceux sont tous des athéniens venus pour le week-end. Quelques uns ont dormi ici, mais la plupart repartent ce soir. Avec plus de 5h de route, il faut beaucoup de motivation pour venir surfer ici, et les grecs fidèles à leur réputation, n’en manquent pas. En demandant, des informations sur les conditions, mon grec et l’accent français qui ponctue mon anglais, dévoilent très vite mon origine.
- « Tu es français ? » . |
- « Heu… oui... » |
- « Cool ! » Et Steph il est français ! » |
Je fais la connaissance de Stéphane et Tolis, deux très sympathiques helléniques d’origine française qui se connaissent depuis le lycée. Ils arrivent à parler les deux langues à la fois, commençant souvent leurs phrases en français, continuant en grec avant de finir dans la langue de Molière.
Leurs conversations prennent ainsi à la fois un caractère local et original. Le premier a une formation de biologiste et plongeur, ce qui lui permet d’exercer l’Été en tant que moniteur subaquatique dans les îles égéennes. Le second est réceptionniste dans un hôtel de la capitale. Ce soir, ils restent dormir dans le coin, étant donné que la houle doit se maintenir demain.
Tout au long de l’après-midi, les vagues restent très bonnes à surfer. Certains athéniens surfent vraiment pas mal, les autres débutent mais ne déméritent pas se jetant sur tout ce qui passe.
A la tombée de la nuit, le spot se vide et tout le monde reprend le chemin du retour. Je plante ma tente à côté de celle de Stéphane et Tolis .
Nous discutons un bon moment, et j’apprends que le spot fut endeuillé il y a quelques mois de ça par un tragique accident. Plusieurs surfeurs, étaient à l’eau pendant un fort orage. L’un d’eux est sorti, au moment où la foudre s’abattait sur la plage.
Il est mort sur le coup. Une histoire qui n’est pas sans rappeler plusieurs autres qui conduisent à un résultat si malheureux. Alors, lorsque le temps est à l’orage et la foudre de la partie, même si les vagues sont bonnes : N’ALLEZ PAS SURFER ! En parlant de ça, un orage se rapproche… Nous mangeons un morceau et allons nous coucher avant que le ciel nous tombe sur la tête.
CHAPITRE XIII : LA ROUTE SPARTIATE
Au petit matin, la pluie a cessée, le ciel est légèrement couvert avec des vagues toujours surfables, lissées par un faible vent off-shore.
Je prends un rapide petit déjeuner, et allume mon téléphone. Fidèle à son habitude Giorgos m’a laissé le bulletin météo.
Houle d’Ouest faiblissante en fin de journée, par contre il y a un système dépressionnaire intéressant en mer Égée qui génère une houle de un à deux mètres de secteur NE pour les deux à trois prochains jours. Il me donne la zone susceptible de mieux marcher.
Toujours prêt quand il s’agit de découvrir de nouveaux spots, je me prépare à partir vers l’Est. J’informe les deux athéniens (qui n’auront pas la possibilité de m’accompagner) des conditions et leur demande conseil quant au meilleur itinéraire à prendre.
Nous nous échangeons nos coordonnées, pour un éventuel futur trip surf méditerranéen (ou océanique) et nous souhaitons bonne route. Une heure plus tard, j’atteins Kalamata. Une station balnéaire, qui n’a pas de vestige archéologique particulier, mais un fort potentiel touristique qui me laisse imaginer la fourmilière estivale à laquelle elle doit ressembler.
En fin de matinée, je rejoins Sparti (Spartes) qui, contrairement à ce que j’aurais pu imaginer a pris beaucoup d’essor. Les spartiates, ont troqués leur cuirasse et leur bouclier contre des costumes trois pièces donnant à l’ancienne cité, un dynamisme économique appliqué.
Une promenade dans la ville, un bon repas et quelques cartes postales plus tard, me voici déjà reparti vers les côtes orientales.
Je reprends les petites routes montagneuses qui me mènent de villages en villages, traversant tour à tour, forêts et plateaux escarpés.
Deux heures plus tard, j’atteins la route côtière qui suit un relief accidenté composé d’une multitude de criques. La houle de NE mal adaptée pour ce trait de côte, n’offre pas de quoi surfer. Le vent, quant à lui, est faible et légèrement off-shore.
Je continue ma descente et finis par trouver des plages, sur fond de roche calcaire avec de très belles vagues surfables.
Sachant que je peux trouver plus gros vers le Sud, je ne me détache pas de l’asphalte qui repart dans les terres.
Un petit tour par les montagnes, (l'occasion de croiser quelques troupeau de chèvres dont la soigneuse préparation de leur lait, donnera la meilleure Féta du pays) avant de redescendre vers la mer.
En fin d’après-midi, j’atteins la pointe SE de la Grèce. Là, un village doté d’une presque île offre quelques une des plus belles constructions du monde hellénique.
A l’intérieur d’une fortification vénitienne, se trouve un lieu digne des studios UNIVERSAL. Des maisons de construction médiévale, entièrement restaurées et habitées où l’on trouve quelques commerces, hôtels et restaurants.
Un voyage dans le temps en grandeur nature où il est très agréable de se promener. En ce qui concerne le surf, il y a toutes sortes de plages. Beachbreaks, pointbreaks avec de nombreuses dalles de rochers qui génèrent des vagues tubulaires idéales pour le bodyboard.
Malheureusement, le vent on-shore (force 7 à 8) est trop fort, et surfer seul au milieu de cette mer démontée n’est pas très conseillé. Le long de la presqu’île, les vagues sont un peu plus abritées et méritent de s’y intéresser demain matin, en espérant que le vent tombe d’ici là.
CHAPITRE XIV : SURF DANS LE SE DU PÉLOPONNÈSE
Je tourne un peu, cherchant par la même occasion le camping qui est censé se trouver dans les environs. Après quelques kilomètres, je déniche une crique où les vagues viennent s’enrouler autour d’une avancée rocheuse et où le vent s’avère off-shore. C’est beaucoup plus petit qu’ailleurs, mais largement surfable, l’occasion d’en profiter un maximum jusqu’à la tombée de la nuit.
A ma sortie de l’eau, je rencontre un français (encore un… ?) à la retraite qui vit ici six mois par an. Il m’explique que le camping du coin n’existe plus, depuis que des russes ont racheté la parcelle pour y construire un hôtel très prochainement.
Il y a toujours la possibilité de planter la tente sur une des plages, mais une bonne douche et de quoi recharger les batteries de mon appareil photo (et par la même occasion les miennes) seraient les bienvenus. .
A la sortie du village, je trouve une chambre chez l’habitant dans une maison tenue par un couple de sexagénaire. L’hospitalité de ces gens est si grande que je manquerai de les adopter comme grands parents grecs.
Un repas gastronomique, pour moins de dix euro à la taverne d’à côté, une bonne douche et une bonne nuit de sommeil me font le plus grand bien.
Au lever du jour le vent a bien faiblit (force 4), mais n’est pas tombé pour autant. Je pars à l’assaut des spots qui sont toujours un peu on-shore dans une mer moins démontée.
L’endroit que j’ai surfée hier ne marche plus. Je roule un peu, marche le long de la presque île, où j’aperçois des vagues correctes, mais dont la mise à l’eau très compliquée nécessite une longue rame avant d’atteindre le pic en espérant que celui-ci, déroule dans suffisamment d’eau, le long de ces rochers pointus… Je me résigne à perdre du temps à tenter le coup et me dirige sur un autre spot aperçu hier.
C’est une gauche d’un bon mètre voir plus en séries qui déroule face à une petite falaise. Les vagues ne sont pas mal jusqu’à midi, après quoi le vent se renforce atteignant de nouveau force 8 en rafales. La mer devient alors plus mousseuse, que n’importe quel verre de Mythos (bière grecque), me convaincant de mettre un terme à toute tentative de surf supplémentaire. Je récupère mes affaires laissées dans ma chambre, et remercie très chaleureusement mes hôtes pour leur accueil.
Comme je suis du genre à tenir ma parole (même si je mets longtemps), j’ai promis de leur faire de la pub. Vous pouvez ainsi trouver leurs coordonnées sur cette carte ou cliquer dessus pour accéder au site Internet de tourisme auquel ils sont affiliés.
D’après la météo locale, il y a toujours du fort NE prévu pour ce soir, qui doit faiblir demain. Après un rapide repas, je profite du début d’après-midi, pour remonter un peu la côte. Je trouve un spot moins venté du fait de son encaissement. Il y a un mètre clapot qui permet de prendre de bonnes droites (et boites) sur fond rocheux. Ma dernière session en mer Egée avant d’entreprendre une nouvelle longue traversée de la Grèce.
CHAPITRE XV : SURFOS OU KASSOS ?
Je fais une halte dans les bois pour passer la nuit, avant de reprendre mon chemin pour l’Ipiros. En fin de matinée, je regagne le camping du village qui s’est vidé pendant mon absence, me laissant seul au milieu des…chats.
Il y en a une bonne dizaine que je retrouve fourrés dans ma tente, ma housse de surf ou le coffre de la voiture à chaque fois que je tourne le dos. La nourriture (surtout la mienne) semble être leur seule préoccupation. Je partage mes restes de Féta avec les félins affamés puis rejoins Giorgos à sa boutique.
Il s’empresse de regarder mes nouvelles photos, avant de m’annoncer une très bonne nouvelle. Deux trains de houles (NW puis SW) dont un de plus de 4m sont prévus pour les jours à venir ! Le seul hic, c’est que les vagues rentrent le jour de mon départ dans moins de 72h. Alors je fais quoi ?
Il y a dix jours que je suis en Grèce. J’ai parcouru plus de 4000km, vu plus de choses que je n’aurais imaginé. Cependant, la zone qui a motivé mon voyage, m’a certes offert des vagues , mais je n’ai pas eu la possibilité de tester tous les spots, ce qui me laisse avec un sentiment d’inachevé.
Il faut impérativement que je reste plus longtemps ! Je fonce au cyber café local, change la date de mon billet d’avion, contacte l’agence de location de mon véhicule pour le conserver trois jours de plus.
Après deux jours, à boire des capuccini avec Angelo (la figure emblématique du village), me promener dans les environs, consulter le Nekromantion (l’oracle des morts) et les prévisions sur internet, le ciel finit par se couvrir et la mer à s’agiter. Les vagues arrivent enfin…
En attendant, ce soir je retrouve Giorgos et ses amis dans un bar local pour un match de foot très attendu : Grèce – Turquie.
C’est un biais beaucoup moins violent et sanglant qu’on trouver les deux peuples pour s’affronter, comparé à ceux utilisés par le passé. Les supporters sont fidèles au rendez vous, prêts à traverser l’écran à chaque fois que leur équipe favorite envahit la surface de réparation adverse. Le match est très serré, mais les grecs réussissent finalement à s’imposer 1-0. C’est l’euphorie générale jusqu'en fin de soirée, qui restera courte pour moi, car demain il faut se lever tôt pour aller à l’eau.
CHAPITRE XVI : SURF DANS L’IPIROS
Le lendemain matin, le ciel est couvert, il y a une petite pluie qui tombe par intermittence avec un faible vent off-shore. Je me rends sur un spot surfé la semaine dernière.
Les vagues sont pas mal, je sors ma planche et vois arriver un ami de Giorgos qui s’appelle aussi… Giorgos. Il est prof d’art plastique dans un établissement scolaire de Ioannina (une ville située à 40km au Nord). Nous discutons un bon moment.
Il m’apprend que cet été, il était sur Biarritz où il a retrouvé les français ( venus en trip surf ) qui se sont fait un plaisir de lui faire visiter le pays basques et les excellents spots qui lui sont associés.
Quelques minutes plus tard, nous sommes rejoint par un autre surfer originaire du coin qui bosse et vit sur Athènes la semaine.
Tout aussi sympathique, il enfile sa combinaison et se jette directement à l’eau.
Peu après, Mister Papandreou, vient lui aussi prendre part à la session.
Aujourd’hui c’est un jour médian, les vagues partent à la hauteur du cinquième lampadaire situé le long de la jetée. Quand c’est parfait elles partent du dizième ?!!!
Soit une gauche de plus de 150m , qui offre une longue épaule permettant de taper toutes les manœuvres possibles et imaginables avant d’attaquer la dernière section plus creuse et tubulaire du shorebreak.
Aujourd’hui ce n'est pas aussi long, mais c’est vraiment pas mal. C'est aussi enfin l'occasion de partager des vagues avec Giorgos et ses amis .
Les différences de températures, entre l’eau chaude et l’air froid engendrent souvent des minis tornades dont il faut se méfier comme la peste. Gio me raconte ses mésaventures avec l’une d’elle, qui la contraint à s’accrocher à un rocher au fond de l’eau, pendant qu’il sentait sa planche se faire secouer dans tous les sens au bout de son leash !
Aujourd’hui, il fait mauvais mais ce n’est pas un « twister day ».
A la mi-journée, mon correspondant sort de l’eau pour se rendre à l’hôpital avec sa femme (un examen de routine). L’athénien en profite aussi pour partir manger.
Une heure plus tard, la faim aidant, l’autre Giorgos et moi, nous décidons à sortir. Nous échangeons nos coordonnées pour peut être resurfer ensemble demain ou dans un futur proche.
Je mange un morceau, me repose un peu et me dirige vers d’autres spots plus au sud. Les vagues sont tout aussi propres, avec un shorebreak tubulaire idéal pour le bodyboard.
Je me remets seul sur un autre spot jusqu’en fin d’après-midi.
Le soir venu, je retrouve Giorgos and co au « Sugar bar ». Les prévisions n’ont pas changées du tout au rien comme la semaine dernière. Le flux de NW se maintient, après c’est une grosse tempête de SW qui s’annonce…
Le jour suivant, je découvre avec joie que les spots de rochers fonctionnent. Les vagues sont toujours aussi propres, sous un ciel légèrement voilé.
Il n'y a toujours personne pour m'accompagner, les Giorgos étant afférés, et les autres surfeurs aux abonnés absents?...
Pourtant les conditions valent largement le détour!
Je me rends sur un spot que mon correspondant a baptisé « Reef », et vu les tubes des bons jours sur photos. Ça donne l’eau à la bouche…
Aujourd’hui, ce n’est pas le pipeline grec, mais quelques séries sont intéressantes à surfer.
Non loin de là, dans une petite crique perdu au milieu des champs d’oliviers, vient déferler une jolie droite sur fond sablonneux. Les vagues sont de bonne qualité et m’offrent une autre très bonne session.
De l’autre côté des rochers, une gauche, aurait fait le bonheur de n’importe quel goofy, …ou regular comme moi. Alors pourquoi s’en priver! Bonant malant, je teste et prends quelques photos d’un bon nombre de spots. En fin de matinée, le ciel se couvre, le vent de SW se lève modérément, agitant de plus en plus la mer. Aurais-je la faveur de surfer la gauche qui fait la réputation du village de Parga ? La houle est la mieux orientée possible, le vent n’est pas trop fort. Il faut que ça rentre avant la nuit sinon… pour moi c’est fichu !
En milieu d'après midi, je rejoins mon correspondant grec, en espérant avoir de la chance. Angelo se joint à nous. Nous nous installons tous les trois à la terrasse d’un café, face au port. Nous levant au moindre clapotis de l’eau sur la jetée. J’en profite pour refaire le bilan de ses deux semaines passées en Grèce.
J’explique à mes deux amis, que je trouve (pour l’avoir presque entièrement parcouru) leur pays fantastiquement beau et intéressant, bien qu’un peu trop montagneux certains jours (notamment lorsqu’on est pressé d’aller surfer !). Il y a toujours quelque chose à faire ou à découvrir. Les gens que j’y ai rencontré ont tous étaient d’une amabilité et d’une hospitalité qui m’ont vraiment étonné.
Le surf grec à l'air de devenir très populaire, avec beaucoup de néo pratiquants qui progressent très vite. La première raison de leur progression est leur incroyable motivation, la seconde l’école de Giorgos (dont vous pouvez trouver les infos sur son site:"Surfingreece") proposant des stages d'initiation et de perfectionnement, et la troisième: la fréquence des houles ! En Grèce, il y a beaucoup de dépressions qui se succèdent d'un côté ou d'un autre, ce qui fait qu'il y a des vagues presque tous les jours ! (Notamment de Novembre à Mai)
Pour l’instant, les trajets Est-Ouest ou Nord-Sud relèvent de l’expédition mais dans quelques années lorsque les grands axes autoroutiers seront en place, les houles seront beaucoup plus accessibles, profitant à tous les surfeurs grecs. Ce ne sera malheureusement pas mon cas ce soir, avec ce swell de SW. Les vagues ne se sont pas levés sur le dernier spot qui me manquait à surfer. Il semble bien que je sois arrivé dans l’Ipiros un jour trop tard, et que j’en reparte un jour trop tôt ! Les risques du trip surf me direz-vous. Mais ai-je à me plaindre ? J’ai parcouru plus de 5000km, à travers toute la Grèce, vu plus de choses que je n’aurais imaginé. J’ai surfé au quatre coins du pays, avec des conditions à 90% glassy. Qui peut en dire autant ?!
Pour l'heure, je remercie Giorgos et Angelo pour tout ce qu'ils ont fait pour moi, leur promettant de revenir cet Hiver ou au Printemps prochain pour d'autres aventures helléniques. Le lendemain matin, l'avion qui me ramène à Barcelone subit de violentes turbulences. La tempête de SW annoncée balayera les côtes pendant deux jours, avant d'offrir de belles vagues propres et rangées.
Entre deux éclairs, et prières de ma voisine (qui se signe pour la dixième fois de peur de rejoindre l'éternel prématurément), je me souviens de ce que j'ai pensé de la Grèce avant de la découvrir: des terres de légendes, couplée à une large mythologie et à de nombreux sites archéologiques de vestiges anciens qui retracent un passé à la fois glorieux et mouvementé. Maintenant, je peux assurément ajouter que ses vagues ne font pas office de légende mais s'imposent comme une indéniable réalité, qui feront taire les esprits critique qui vouent un perpétuel flat à la Méditerranée.
Comme l’écrivait Du Bellay : « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… » cela semble être aussi tout à fait mon cas.
Willi
PS: Aux dernières nouvelles, la fille de Giorgos est née, au milieu de cet Automne qui s'avère être le meilleur de ces dernières années...